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Émission « Bande dessinée et Histoire » – 16 mai 2013

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Le jeudi 16 mai 2013 sera diffusée, dans le cadre de « Radio Goliards », une émission intitulée « Bande dessinée et Histoire » sur Radio Libertaire (89.4) à 16h30.

À l’invitation de William Blanc, j’ai eu le plaisir d’organiser et d’animer cette émission qui a  pour vocation d’interroger et de présenter largement les rapports entre la bande dessinée, la discipline historique et l’histoire de la bande dessinée.

Pour cela, le petit studio a accueilli trois invités – que je remercie une fois encore pour leur aimable participation :

  • Jean-Noël Lafargue, réalisateur multimédia, maître de conférence associé à l’Université de Paris VIII et professeur à l’École supérieur d’arts du Havre. Il a publié dernièrement Entre la plèbe et l’élite, les ambitions contraires de la bande dessinée aux Atelier Perousseaux éditeur (2012).  Son blog : Le dernier blog.

  • Patrick Peccatte, ingénieur, chercheur associé au Laboratoire d’histoire visuelle contemporaine (Lhivic) à l’Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales. Il est l’auteur sur Culture Visuelle de plusieurs articles sur les comics et plus précisément sur les war comics. On peut retrouver son carnet de recherche visuelle Déjà vu, ici.

  • Étienne Rouillon, rédacteur en chef du magazine culturel Trois Couleurs (Mk2), il est aussi dessinateur et auteur de bande dessinée. Il vient dernièrement d’achever un premier essai sur Le Prince Noir – connu également sous le nom d’Edouard de Woodstock (fils aîné d’Edouard III d’Angleterre – XIVe siècle).

Sont présents, évidemment, William Blanc – qui propose une analyse de Prince Vaillant d’Harold Foster, et le spécialiste de la technique, Exomène.

Vous pouvez retrouver l’événement sur Facebook

Frantz Duchazeau, Les Vaincus, Dargaud, 2007, planche 3.

Il est peut-être difficile, aujourd’hui, de se pencher véritablement sur la question de la « bande dessinée et de l’histoire » sans vraiment revenir sur les éléments constitutifs de l’histoire de la bande dessinée elle-même et plus précisément encore sur ses noces rebelles avec le milieu universitaire ou intellectuel en général.

Car enfin, il n’y a aujourd’hui pas un seul ouvrage ou colloque ou conférence qui ne commence par quelques mots sur la dimension bâtarde de la bande dessinée dans le champ intellectuel. Malaimée, raillée, déconsidérée, on a souvent relégué la bande dessinée au domaine de l’enfance, de l’adolescence etc. Mais Thierry Crépin notait justement « On n’a plus à l’aube du XXIe siècle à débuter une contribution universitaire portant sur l’étude de la bande dessinée par un long préliminaire auto justificatif expliquant pourquoi les petits miquets ont leur place dans les débats des sociétés savantes. »

Mais il semble qu’on ne peut pas non plus étaler constamment cette litanie d’opprobres sans relier cette considération du neuvième art à sa propre histoire : oui la bande dessinée est et a toujours été déconsidérée par les milieux intellectuels mais il est évident qu’un cap a été franchi ces quinze dernières années. Après des travaux comme ceux de Thierry Groensteen, de Benoît Peeters, de Thierry Crépin ou encore de Pascal Ory (pour ne prendre que la dimension historiographique et historicisante) la bande dessinée vit une vie double où l’on trouve toujours d’un côté une grande majorité de fans, d’amateurs, de collectionneurs (qui ont largement contribué à permettre l’élaboration de son histoire) et d’un autre côté des universitaires ou penseurs qui ont élaboré une certaine recherche en bande dessinée.

Force est de constater que la bande dessinée, tout en étant un des arts majeurs de la culture populaire contemporaine, est tout de même marginale dans le champ universitaire : peu d’ouvrages lui sont consacrés, peu de conférences ou colloques (quoi qu’une fois encore il y a un regain d’intérêt aujourd’hui avec l’apparition d’œuvres et de nouveaux auteurs qui amènent à poser plus de questions à la bande dessinée en tant que médium), peu de publicité de ces travaux alors que l’on répète à satiété, à chaque Festival d’Angoulême, que le marché français de la bande dessinée ne s’est jamais aussi bien porté – qu’il  y a même trop de publication annuelle.

Je dis marginal parce qu’au regard de ces différentes publications – par rapport au cinéma par exemple, qui, rappelons-le, apparaît presque à la même époque – on constate qu’elles sont peu nombreuses et spécialisées.  Deux domaines semblent se distinguer majoritairement : celui du « langage de la bande dessinée » (expression à prendre avec précaution) : Thierry Groensteen (Systèmes de la bande dessinée), Harry Morgan, Scott McCloud (L’Art invisible), Jean-Christophe Menu (La bande dessinée et son double), Benoît Peeters et Jacques Samson sans oublier Pierre Fresnault-Deruelle… et celui de son histoire, l’histoire de la bande dessinée : on peut parler ici évidemment de Gérard Blanchard, Thierry Smolderen, Jean-Paul Gabilliet (pour la bande dessinée américaine), Jean-Noël Lafargue et une fois encore Thierry Groensteen (La Bande dessinée son histoire et ses maîtres).

Tout ce name-dropping pour dire une chose précisément : il ne s’agit pas de dire que la bande dessinée n’est pas assez « intellectualisée », parce qu’il me semble que cette position de biais lui correspond très bien, mais mettre en avant l’absence de pluridisciplinarité dans son approche.

On s’est peu tourné, en somme, sur ce que la bande dessinée détient en elle, sur ses propres moyens d’écriture de l’histoire et sur sa propre historicité.

Des travaux ont été menés et des penseurs, tels Pascal Ory, mais aussi Thierry Crépin ont milité pour une « histoire culturelle » de la bande dessinée : c’est à dire analyser et reconnaître les différentes influences et répercussions culturelles de la bande dessinée dans une époque donnée. Autrement dit, ces historiens militent pour une constante recontextualisation de la bande dessinée dans sa période de production. Travail, une fois encore, fondamental pour la recherche. Dans son article, maintenant connu et reconnu datant d’octobre 1984 (dans la revue Vingtième Siècle), Pascal Ory, avec un titre qui a fait date : « Mickey go home ! », montrait de manière passionnante comment le travail de l’historien des mentalité pouvait correspondre à l’histoire propre de la bande dessinée et comment, par la bande dessinée, on pouvait analyser et comprendre une société à un moment donné.

Mais, aussi précieuses soient ces différentes analyses, on a l’impression que l’on ne s’est pas véritablement penché sur les rapports intrinsèques entre l’Histoire et tout ce qu’elle implique aujourd’hui dans les débats historiographiques (c’est à dire notamment la mise en récit, l’écriture de l’histoire, l’emploi des temporalités etc.) et le médium qu’est la Bande dessinée. Il ne s’agit donc pas uniquement de dire que la bande dessinée s’inscrit de fait dans une époque donnée et qu’elle est une source culturelle de premier choix pour l’historien – mais c’est dire également que la bande dessinée, dans sa forme, dans le dessin, par son « langage » et par les différentes appropriations qu’elle implique est de l’Histoire.

Évidemment, il est impossible d’explorer et de théoriser toute cette question pendant cette émission. Il s’agit donc de voir dans ce format une tentative et une introduction à ces différentes questions. Questions qui ont suscité de nombreux débats pendant l’enregistrement et qui ne manqueront pas d’être à nouveau posées lors d’autres rencontres.

Je mettrai, sur ce blog, le podcast de l’émission et les différentes vidéos et sons qui l’accompagne.

Quelques éléments bibliographiques :
Articles de Patrick Peccatte :

-       « Les stéréotypes visuels dans les war comics », Culture Visuelle, février 2013.

-       « Une recherche sur les war comics », Culture Visuelle, juin 2012.

-       « La déploration du super héros », Culture Visuelle, Août 2012.

Ouvrage de Jean-Noël Lafargue :

-       Entre la plèbe et l’élite, les ambitions contraires de la bande dessinée, Ed. Atelier Perrousseaux, 2012.

Notions « Bande dessinée et Histoire » :

-       Pascal Ory, « Mickey go home ! », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, vol. 4, n°4, 1984, pp. 77-88.

-       Michel Porret (dir.), Objectif bulles. Bande dessinée et Histoire, Georg, L’Équinoxe, 2009.

-       Voir notamment, dans cet ouvrage, Michel Porret, « La bande dessinée éprouve l’histoire », pp. 11-41.

-       Odette Mitterand, Gilles Ciment, L’histoire par la bande. Bande dessinée, Histoire et pédagogie, Paris, Syros, 1993.

-       Thierry Crépin et Thierry Groensteen (éd.), « On tue à chaque page ! » : la loi de 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, Paris, Éditions du temps ; Angoulême, Musée de la Bande dessinée, 1999.

-       Thierry Crépin, Jean-Paul Gabilliet, « Écrire l’histoire culturelle de la bande dessinée : comparaison franco-américaine », dans Quelle est la place des images en Histoire ?, Laurent Gervereau, Christian Delporte, Denis Maréchal (dir.), Nouveau monde, 2008.

-       Jean-Paul Gabillet, Des comics et des hommes : histoire culturelle des comic books aux États Unis, Paris, Éditions du temps, 2004.

Pour des ouvrages concernant l’histoire de la bande dessinée, j’invite à consulter la bibliographie mise en ligne par Alain François sur son blog : Bibliographie BD à l’usage des études visuelles.


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